Page d'accueilBibliographie et publicationsPopulation en chiffres 
Vous pouvez visualiser le texte integral en format PDF à partir de cette page
Aller vers le texte

Acrobat ReaderTéléchargez Acrobat Reader
pour visualiser les fichiers au format PDF


vishnevskiy.gif (11245 octets)                  Résumé

Anatoli Vichnevski

LA FAUCILLE ET LE ROUBLE : La modernisation conservatrice en URSS

Dans un livre écrit sous forme d’essai, l’auteur présente les résultats d’un travail de longue haleine. Il étudie les changements sociaux, économiques et politiques intervenus dans l’ancien Empire russe et l’ex-Union Soviétique de la fin du XIXe à la fin du XXe siècle en mettant l’accent sur la période soviétique, de 1917 à la fin des années 1980.

L’auteur propose son interprétation de ces changements perçus comme une modernisation conservatrice. Elle a permis à l’URSS de s’approprier les nombreux acquis instrumentaux des sociétés occidentales (technologie moderne, formes extérieures de vie, science, système d’éducation nationale, etc.) et même d’en développer certains, mais n’a pas créé les mécanismes sociaux adéquats (économie de marché, structure sociale moderne, instituts modernes de société civile, démocratie politique, etc.).

L’analyse bien documentée des principaux éléments des changements montre comment, dans chaque cas pris à part, les objectifs instrumentaux de la modernisation, sont entrés en contradiction avec les moyens sociaux conservateurs. Ces derniers ont bloqué tout progrès ultérieur, d’où le caractère inachevé de la modernisation qui n’a pas abouti. Cela a finalement provoqué une profonde crise du système, et a conduit à la nécessité de procéder à une réforme globale.

Dans son analyse, l’auteur se refère à diverses sources : données statistiques officielles dont un grand nombre était inaccessible encore hier aux chercheurs ; nombreuses estimations quantitatives faites en URSS et en Occident; résultats des enquêtes sociologiques de différentes époques; publications officielles, actes législatifs; études d’auteurs soviétiques et occidentaux (y compris de l’émigration russe) qui proposent leurs interprétations du phénomène de la société soviétique.

Le livre comprend deux parties.

La première - Le temps des révolutions inachevées - est consacrée à l’analyse des éléments de la modernisation conservatrice soviétique. L’auteur en dégage cinq éléments essentiels, à savoir :

- La modernisation économique qui a créé une société industrielle, lui a fourni les éléments essentiels de la civilisation technologique moderne. Mais elle n’a pas créé de mécanismes sociaux assurant le développement autonome du système économique des sociétés industrielles, tels que la propriété privée et le marché.

- La modernisation urbaine qui a fait déplacer de grandes masses de la population de la campagne vers la ville, a modifié les conditions de ses contacts sociaux au quotidien, les a soumis à la technologie de la vie urbaine. Mais elle n’a pas créé les porteurs des rapports urbains spécifiques, autrement dit, les couches urbaines moyennes capables de soutenir et de développer l’organisation sociale et la culture propre à la société urbaine.

- La modernisation démographique qui a modifié les conditions de la reproduction de la population et, par conséquent, de la vie privée, intime des hommes. Mais elle est restée inachevée, car elle s’est développée dans un climat social qui contredisait le principe essentiel de la modernisation démographique, le principe de la liberté du choix individuel dans le domaine de la vie privée de l’homme.

- La modernisation culturelle qui a assuré un développement très rapide de l’éducation, a initié aux connaissances techniques et scientifiques modernes, à d’autres changements "instrumentaux" sans lesquels n’existent aucunes culture et personnalité modernes. Mais elle n’a pas réussi à supplanter les paradigmes de la culture holiste moyennâgeuse par une culture industrielle moderne, engendrant l’homo soviéticus, type d’individu intermédiaire conciliant les traits de la modernité et de la "sobornost’ " traditionnelle.

- La modernisation politique qui a ouvert de nouvelles voies à la mobilité sociale verticale, et ce, pour la première fois, pour la majorité et a donné accès au pouvoir à une nouvelle élite, démocratique par son origine. Mais elle n’a pas créé de mécanismes démocratiques du fonctionnement et du renouvellement de cette élite. Cette dernière était restée "statuaire", complètement soumise à l’échelon supérieur et a rapidement dégénéré. Cela a conduit à l’instauration d’un régime politique d’un "nouveau moyen âge" qui a pris au XXe siècle la forme du totalitarisme.

La seconde partie du livre - L’agonie de l’Empire - envisage le lien entre la modernisation de la période soviétique et présoviétique et les processus de l’extension, de l’essor suivis de la crise et du démembrement de l’empire russe/soviétique.

Le modèle soviétique de la modernisation dont le pivot était l’industrialisation accélérée centrée sur le développement de l’industrie lourde, bien que créé au XXe siècle, préexistait auparavant. La volonté de modernisation tout comme les moyens d’y parvenir étaient en beaucoup de points dictés par le rôle de grande puissance mondiale auquel aspirait l’empire tsariste ou soviétique.

Ce rôle était beaucoup plus compréhensible à la population de la métropole slave, répondait, dans une certaine mesure, à ses aspirations et à son expérience historique, aussi était-elle prête à accepter le modèle soviétique de modernisation. Mais il était beaucoup plus difficile de le faire aux régions périphériques semi-coloniales. Même si à l’égard de la plupart d’entre elles l’empire accomplissait une mission civilisatrice de modernisation, ses possibilités modernisatrices étaient limitées. C’est pourquoi les "cinq modernisations" qui avaient lieu dans toutes les parties de l’empire, étaient beaucoup plus "conservatrices" dans les régions périphériques qu’au centre. Le caractère inachevé de la modernisation qui n’avait abouti nulle part en URSS l’était surtout dans les régions périphériques de l’Asie centrale ou du Caucase comme dans certaines régions "nationales" de la Russie.

Même si les raisons d’être de l’empire ont contribué grandement à pousser la modernisation soviétique, c’est la modernisation-même qui a finalement entraîné le démembrement de l’empire. Elle a engendré ou développé les forces centripètes et centrifuges dont les rapports prédéterminaient, en fin de compte, le sort de l’empire. Le caractère conservateur de la modernisation soviétique a restreint les possibilités de l’essor des forces centripètes et du fédéralisme qui y était lié; par contre il a favorisé l’essor des forces centrifuges, du nationalisme et du séparatisme. Lorsque la stratégie économique et politique inspirée par les ambitions de grande puissance a épuisé l’URSS, elle est devenue une proie facile pour le séparatisme contre lequel le fédéralisme fictif s’est avéré impuissant.

Cela confirmait encore une fois qu’à la fin du XXe siècle le modèle soviétique de modernisation avait épuisé toutes ses ressources. La poursuite de la modernisation qui n’a abouti dans aucune partie de l’ex-URSS exigeait un changement de modèle. Il fallait mettre au point une politique qui permettrait, d’une part, de garder les acquis essentiels de la modernisation "instrumentale" de l’époque soviétique, et de l’autre, de créer des groupes sociaux, des mécanismes et des instituts sociaux adéquats mais inexistants en URSS qui rendraient les sociétés postsoviétiques aptes à un développement autonome.

Table des matières

Introduction acroread.gif (205 octets)

Partie I. Le temps des révolutions inachevées

Chapitre 1. La crise russe du début du XXe siècle : la société agraire à sa dernière limite acroread.gif (205 octets)

1.1. Le retard et le développement de rattrapage
1.2. Le développement de rattrapage face à l’inertie des traditions
1.3. la société simple : le pouvoir de la terre
1.4. La société complexe : le pouvoir de l’argent
1.5. La crise de la société agraire russe : du pouvoir de la terre au pouvoir de l’argent
1.6. A la recherche d’un modèle de l’avenir
1.7. Au seuil de "la révolution conservatrice"

Chapitre 2. La révolution économique : automobile tirée par un chevalacroread.gif (205 octets)

2.1. La voie prussienne ou américaine ?
2.2. La révolution conservatrice dans l’économie
2.3. L’économie de mobilisation : le plan contre le marché
2.4. De la Russie agraire à la Russie industrielle
2.5. La crise du système économique soviétique
  • Les vices structurels
  • L’économie de guerre en temps de paix
  • Le retard technique
  • Une consommation limitée
  • L’engourdissemen

2.6. Vers un nouveau modèle économique

Chapitre 3. La révolution urbaine : les bourgs sans bourgeoisacroread.gif (205 octets)

3.1. La modernisation et l’urbanisation 78
3.2. L’urbanisation tardive 80
3.3. L’explosion urbaine 86
3.4. Les générations semi-urbaines 91
3.5. L’urbanisation façon rurale 95
3.6. Les nouvelles couches urbaines 105

Chapitre 4. La révolution démographique et familiale :  la liberté démographique dans une société non libre acroread.gif (205 octets)

4.1. La révolution dans la mortalité
4.2. La révolution dans la fécondité
4.3. Le néomalthusianisme à la soviétique
4.4. La crise de la famille patriarcale
4.5. La révolution familiale.
4.6. La révolution des sentiments.
4.7. La seconde transition démographique.

Chapitre 5. La révolution culturelle : l’homme communautaire   au diplôme universitaire acroread.gif (205 octets)

5.1. L’homme holiste (sobornyi chelovek)
5.2. L’homme autonome : "l’homme inutile" et "le prolétariat pensant"
5.3. L’homme autonome : "le mufle-roi"
5.4. L’homme autonome : l’Homo soviéticus
5.5. La crise du holisme soviétique

Chapitre 6. La révolution politique : les marginaux au pouvoir acroread.gif (205 octets)

6.1. La dictature des masses ou la dictature d’une "nouvelle classe" ?
6.2. Les idéologies totalitaires
6.3. Le Moyen Age socialiste
6.4. L’Etat total
6.5. La crise du totalitarisme

Partie II. L’agonie de l’Empire

Chapitre 7. Le pas pesant de l’Empire russe acroread.gif (205 octets)

7.1. "Nous avons repoussé nos frontières..."
7.2. Les bases de la colonisation des Slaves de l’est
7.3. La colonisation du sud de la Russie
7.4. Le peuplement de la Sibérie
7.5. La poussée vers le Caucase et l’Asie centrale.
7.6. Le refoulement des indigènes
7.7. Les traditions impériales en URSS

Chapitre 8. L’Empire et la modernisation acroread.gif (205 octets)

8.1. La métropole des Slaves de l’est
8.2. La mission civilisatrice de la métropole
8.3. La métropole des Slaves de l’est et le modèle soviétique de la modernisation
8.4. La modernisation inachevée : du centre aux confins
  • Révolution économique
  • Révolution urbaine
  • Révolution démographique
  • Révolution culturelle
  • Vue d’ensemble
8.5. L’impasse centreasiatique de la modernisation soviétique
8.6. Les nouvelles élites régionales

Chapitre 9. La crise de l’Empire acroread.gif (205 octets)

9.1. La crise du centralisme impérial et le fédéralisme
9.2. La crise du localisme et la réponse nationale
9.3. La crise du localisme et la réponse nationaliste
9.4. Entre le fédéralisme et le séparatisme: expérience de l’Ukraine
9.5. "La théorie marxiste russe de la nation"
9.6. La "construction nationale" en URSS
9.7. La crise du fédéralisme soviétique

Chapitre 10. L’Empire dans le monde acroread.gif (205 octets)

10.1. L’entrée dans la politique mondiale
10.2 Les atouts géopolitiques de la Russie
10.3. L’Empire russe dans le club de l’impérialisme européen
10.4. L’URSS à l’approche de la Seconde Guerre mondiale
10.5. Les leçons de la Seconde Guerre mondiale
10.6. Les leçons de la guerre froide
10.7. Variations sur le thème de l’avenir

Conclusion : Retourne-toi sans colère acroread.gif (205 octets)

Indice des noms acroread.gif (205 octets)